Après la Reine d’Angleterre en septembre, le Roi Pelé nous a quittés hier.

Pourquoi suis-je si triste ?

Peut-être parce que, même si je ne leur étais pas intimement lié, je n’avais jamais vécu sans.

Et aussi parce que c’était la Reine, parce que c’était le Roi.

Car oui Pelé était bien le Roi.

Son décès s’accompagne de commentaires élogieux souvent touchants, mais aussi de débats moins indispensables pour savoir s’il était vraiment le meilleur footballeur du monde. Cette question n’a en fait pas tellement de sens, pour plusieurs raisons. En premier lieu le sport a considérablement évolué depuis l’apogée de Pelé (il y a plus de 50 ans). Mais surtout les qualités qui peuvent faire d’un footballeur un grand footballeur sont très variées.  Ainsi on a pu dire que comparer Beckenbauer et Cruyff, contemporains l’un de l’autre, reviendrait presque à comparer Beethoven et Rembrandt tellement ils excellaient dans des domaines différents.

Au-delà de sa technique et de son efficacité, Pelé a une place à part en raison de sa classe, de son aura et plus généralement de ses qualités humaines. Certains considèrent que c’était Maradona le meilleur joueur du Monde. Leurs arguments sont recevables mais ils sont purement sportifs. Maradona n’a jamais eu la gentillesse, la générosité du Roi Pelé. En ce sens les autres très grands joueurs ont peut-être des qualités techniques identiques ou supérieures à Pelé mais il a quelque chose qu’ils n’ont pas.

Il en va de même pour la Reine d’Angleterre. On peut critiquer certains de ses comportements ou certaines de ses décisions, son successeur gèrera peut-être mieux certaines situations, mais il n’aura jamais sa dimension. Il n’imposera pas le même respect. Et nous autres Français ne dirons jamais « Le Roi » comme nous disions « La Reine » pour nommer ce monarque d’un pays pourtant étranger. Les descendants de la Reine ont commis des frasques qui sont tout à fait ordinaires pour des citoyens ordinaires, mais qui jurent avec le statut qu’elle voulait imposer, ou simplement conserver.

Pareillement, les successeurs (ou prétendus tels) de Pelé ont souvent failli. Maradonna est tombé dans la drogue, Zidane a mis un coup de boule en finale de Coupe du Monde, Messi critique les arbitres qui ne lui sont pas favorables. En ce sens, et même si nous souhaitons au talentueux Mbappé une carrière et un palmarès qui rivalisent avec ceux de Pelé, il n’y aura jamais qu’un Roi.

Ce Roi et cette Reine ont également en commun de nous rattacher au passé, à l’Histoire. Les deux ont commencé leur parcours en noir et blanc, avant que la couleur ne nous fasse voir l’auriverde du maillot brésilien et les tuniques rouges de la Garde Royale. Ils étaient le présent mais aussi le passé. Ils ne sont plus que le passé.

Ainsi va la vie. Même les Rois et les Reines sont mortels.

Ou pour le dire autrement, Sic transit gloria mundi.

Un commentaire sur « Après la Reine, le Roi est mort »

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