Inspiré du célèbre jeu le « ni oui ni non », le « ni otage ni terroriste » structure les journaux de France Inter.

J’écoute tous les matins le journal de 7h00 de France Inter puis je bascule sur une autre radio avant d’entrer en ébullition. Il y a quelque temps j’ai cru remarquer que le mot « otage » n’y était jamais prononcé. J’y ai donc prêté une oreille attentive et j’ai pu constater que ce mot avait effectivement été absent de ce journal pendant plusieurs semaines (je précise bien que je commente ce seul journal de 7h00, mes activités ne me permettent pas d’écouter d’autres tranches horaires).

Pour le mot terroriste le phénomène est à la fois plus ancien et moins systématique. Le mot n’est pas totalement absent mais il est le plus souvent remplacé par « combattant », « soldat » ou « activiste ».

J’ai donc failli tomber de mon lit mardi 26 mars quand Anaïs Feuga a prononcé le mot « otage ». Cela s’est produit au cours de l’évocation de la résolution de l’ONU qui appelle à un cessez-le-feu immédiat « et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ».

Malgré cet événement nous restons sur France Inter. Le terme de « cessez-le-feu » est prononcé quatre fois, celui de « otages » une seule. Le Hamas est cité comme source d’information pour le décompte des morts, mais à aucun moment comme l’organisation terroriste qui détient les otages. Le journaliste interrogé depuis Jérusalem précise que le gouvernement Israélien n’a pas l’intention d’appliquer cette résolution mais il ne dit pas si les terroristes du Hamas ont l’intention de libérer les otages. Anaïs Feuga a déjà perdu un point au jeu du « ni otage ni terroriste », il ne veut pas l’imiter et le sujet des otages ne sera donc simplement pas abordé alors qu’il est à l’origine de tout le reste.

En refusant de mentionner l’existence des otages, France Inter tord évidemment la réalité des faits et impose une vision profondément biaisée de la situation. Et cela devient un peu acrobatique lorsqu’il s’agit d’évoquer les résolutions de l’ONU. Ainsi les Etats-Unis ont mis leur veto à plusieurs résolutions qui mentionnaient le cessez-le-feu pour la raison qu’elles n’évoquaient pas les otages. Puis ils ont à leur tour déposé un projet de résolution qui demandait le cessez-le-feu ainsi que la libération des otages. La Russie et la Chine y ont mis leur veto, ce qui n’est pas étonnant. Plus étonnante est la réaction des Palestiniens dont France Inter nous dit qu’ils se sont réjouis de ce refus. Pourquoi ? Évidemment parce qu’ils préfèrent que les résolutions de l’ONU ne mentionnent pas les otages. Mais il est impossible aux auditeurs de France Inter de le comprendre puisqu’on ne leur a pas dit que la libération des otages était demandée par cette résolution. Ils voient donc une population bombardée et au bord de la famine se réjouir qu’une demande de cessez-le-feu ait été rejetée. De manière inexplicable donc.

Ce mystère viendra s’ajouter aux nombreux mystères de Gaza pour les auditeurs de France Inter.

Quelques mots sur ces malheureux otages. Ils sont depuis bientôt 6 mois aux mains de terroristes qui ont exprimé le 7 octobre une cruauté et une sauvagerie proprement inhumaines. Même les pires bêtes féroces ne traitent pas leurs proies de cette façon. Il nous est donc simplement impossible d’imaginer le calvaire qu’endurent ces otages, et particulièrement la vingtaine de femmes qui en font partie. Cela rend encore plus scandaleux l’effacement dont ils font l’objet dans une large partie de la presse.

Autre point qui n’est pas un détail : nous n’en connaissons pas le nombre exact car sur les 135 recensés initialement il est certain que plusieurs sont morts. Mais le Hamas affirme ne pas le savoir précisément. Cette organisation terroriste prétend donc fournir le nombre exact des morts palestiniens dans la totalité de la bande de Gaza (même pour les zones où l’on nous dit qu’il n’y a plus d’autorité en place pour organiser la distribution de l’aide humanitaire), mais qui n’est pas capable de recenser les otages qu’elle détient.

Encore un mystère pour les auditeurs de France Inter.

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