Les événements du Stade de France lors de la finale Real Liverpool du 28/05/2022 sont édifiants pour ce qu’ils sont mais surtout pour le déni dont depuis ils font l’objet. Un tel déni est indigne d’une démocratie et il évoque cette histoire que l’on racontait au temps de l’URSS :
Staline, Kroutchev et Brejnev sont dans un train. Le train s’arrête en rase campagne. On leur apprend que la locomotive est en panne et que le mécanicien n’arrive pas à la réparer.
Au bout de quelque temps Staline ordonne que l’on fusille le mécanicien.
On fusille le mécanicien.
Le train ne redémarre pas.
Après quelques minutes Kroutchev ordonne que l’on réhabilite le mécanicien.
On réhabilite le mécanicien.
Le train ne redémarre toujours pas.
Alors Brejnev ferme les rideaux et déclare : « C’est bon, on est reparti ».
Depuis plusieurs années le gouvernement Macron pratique le déni sur un nombre considérable de sujets plus ou moins profonds. Les lamentables événements du Stade de France en sont une illustration très intéressante car, plus que d’autres sujets, la réalité des faits est ici relativement bien documentée.
Rappelons qu’il est maintenant établi que les désordres qui ont marqué la finale de Coupe d’Europe Real – Liverpool le 28 mai dernier ont été causés par une très mauvaise gestion des flux de spectateurs, compliquée par une grève sur le RER B, et surtout par des bandes de délinquants qui sont venus détrousser des supporters. Or, dès le soir du match les ministres M. Darmanin et Mme. Oudéa-Castera ont accusé les supporters de Liverpool d’être à l’origine des violences, en invoquant en particulier 30 à 40.000 faux billets.
Ils ont réitéré leurs accusations les jours suivants, donc à froid et alors qu’évidemment ils connaissaient la vérité. Darmanin a même aggravé son cas en citant une « fraude massive, industrielle et organisée de faux billets ».
Rappelons que si cela avait été le cas, les 30 à 40.000 supporters frustrés (et supposément violents selon nos ministres) se seraient sans doute fait remarquer autour du Stade de France après le début du match.
Outre ce simple constat, des dizaines de vidéos démentent cette version des faits. Les ministres persistent néanmoins dans ce déni de réalité et le lamentable épisode de la disparition des images de vidéo-surveillance, du Stade de France comme de la RATP est une étape de plus franchie dans ce triste engrenage.
Soulignons que la disparition de ces images est d’autant plus providentielle pour M. Darmanin que lors de son audition par le sénat le 01/06/2022, il a répondu à la question évoquée ci-dessus de la disparition des 30 à 40.000 supporters de Liverpool en indiquant qu’ils étaient repartis en RER : « Dès 22 h 45 – ou 22 h 52 d’après la SNCF –, selon des images de vidéoprotection que je ne peux vous fournir pour des raisons de protection des libertés, mais que vous pourrez sans doute vous procurer, les quais du RER, notamment de la station La Plaine-Stade de France, étaient pleins de maillots rouges ».
Comme le dit un vieil adage moralisateur : « La dissimulation mène au mensonge, le mensonge mène au vol et le vol mène au crime ». Sans aller jusqu’à cette extrémité, il est courant qu’un mensonge, même bénin, soit à l’origine d’autres mensonges ou d’infractions de plus en plus graves. L’effacement de ces images de vidéoprotection entre probablement dans le cadre d’une telle dérive (à moins qu’il ne s’agisse que d’une maladresse mais alors elle serait aussi lourde que miraculeuse).
Bref, ce déni et sa protection sont devenus la priorité des déclarations et des actions du gouvernement au sujet de cette affaire.
Or, parce qu’il dissimule les problèmes, ce déni ruine tout espoir de les résoudre un jour.
Et ce déni est présent dans de nombreux aspects de la politique menée par Emmanuel Macron. Les enquêtes internationales placent la France en queue des pays développés pour ce qui est de l’éducation. Mais notre système éducatif est excellent et en annonçant son « Ecole du futur » Emmanuel Macron n’évoque pas cette déchéance.
De nombreuses banlieues sombrent dans une situation de non-droit, la police n’y fait plus régner l’ordre et même les pompiers y sont agressés. Mais c’est le vocabulaire utilisé pour évoquer cette situation qui choque. Ainsi Monsieur Dupont Moretti déclare ne pas être à l’aise avec l’usage d’un vocabulaire qu’il juge « d’extrême droite » pour lui préférer les notions de « perte de valeur » et de « perte de repère ».
L’immigration vient gonfler les rangs des délinquants (les six personnes jugées après les événements du Stade de France étaient tous des étrangers en situation irrégulière). Mais quand une sénatrice demande à Darmanin la nationalité des délinquants en question il traite sa question de nauséabonde en ajoutant «je n’ai pas à donner les nationalités des personnes que nous interpellons ».
Aujourd’hui encore Macron refuse de voir qu’il n’a pas été élu sur un programme mais suite à des circonstances (dont certaines sont de son fait, certes) qui ont éliminé les candidats qui auraient pu le mettre en danger au deuxième tour. C’est peut-être parce qu’il a cru lui-même à ce mensonge qu’il a si mal géré les élections législatives.
On ne demande pas de miracle immédiat, mais la première étape vers un monde meilleur est de regarder en face nos problèmes et nos défauts.
MAL 2027 ?
J’aimeJ’aime