J’ai déjà écrit trois billets sur le « 1er état des lieux du sexisme en France », publié par le Haut Comité à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE). Ils dénoncent une analyse malhonnête de la production des humoristes, un usage trompeur de l’écriture inclusive et des reproches injustes adressés aux livres d’Histoire pour un sexisme qui n’est que celui de l’Histoire elle-même.

Ce dernier billet sur ce sujet veut mettre en relief tout simplement la mauvaise foi des auteures de ce rapport.

Je m’appuierai pour cela sur un seul passage mais il est important puisque l’accusation de sexisme est portée non pas contre un groupe social (les humoristes, les historiens …) mais contre notre constitution, garante de nos libertés et de nos lois.

Ce passage porte un titre interrogatif « Une constitution toujours sexiste ? » mais la réponse est vite donnée : « Comme le montre le HCE (…) la Constitution porte encore des traces de sexisme ».

Ces traces de sexisme prennent deux formes. La première consiste essentiellement en l’usage de la locution « Droits de l’Homme » à laquelle il faudrait préférer « Droits humains » pour mieux inclure les femmes. Ce constat est enrichi par une critique de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, dénoncée comme « l’incarnation de l’exclusion et de l’invisibilisation des femmes en tant que citoyennes et en tant que sujets ». Je passe rapidement car mon propos n’est pas ici de critiquer la manière dont s’est déroulée l’Histoire de France, ni de reprendre des définitions qui relèvent des sciences naturelles (chapitre « Espèces animales »).

Je m’intéresserai plutôt à la deuxième de ces « traces de sexisme », que les auteures ont débusquée dans le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 et qu’elles dénoncent ainsi : « lorsqu’elles sont mentionnées, les femmes restent présentées comme une catégorie de citoyennes « à part » ou renvoyées à des rôles sociaux de sexe. »

Que peut bien désigner la locution « Des rôles sociaux de sexe » ?

Le passage suivant permet de le comprendre :

« Les droits concédés aux femmes sont conditionnés à leur nature de mères, et excluent ainsi toute une catégorie de femmes : l’alinéa 11 stipule que « La Nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs.»».

La mauvaise foi des auteurs apparaît dès le mot « concédés » utilisé pour évoquer « les droits concédés aux femmes ». Il vient après le rappel de l’alinéa 3 de ce texte : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ». Il veut signifier que ce progrès (c’en est bien un à l’époque) n’a été effectué qu’à reculons, de mauvaise grâce. Il n’est pas question pour les auteures de laisser passer la moindre action positive en faveur des femmes dans notre Histoire sans un commentaire négatif.

Mais le pire est évidemment dans le fond du propos. Les rédacteurs de la constitution ont voulu dans ce passage souligner les devoirs spécifiques que la Nation s’impose en faveur de certains. Parmi lesquels « la mère ». Et les auteures de se plaindre que ce faisant les femmes non mères ne bénéficieraient pas des mêmes droits que les mères. Mais que dire des hommes ? Ils ne sont simplement pas mentionnés dans cette liste de privilégiés.

Ce pictogramme exclut les femmes qui ne sont pas enceintes. Les femmes ne doivent pas être réduites à ce rôle social de sexe !
Ce pictogramme exclut les femmes qui ne sont pas enceintes.
Les femmes ne doivent pourtant pas être réduites à ce rôle social de sexe !

Soulignons que la phrase est simplement mensongère quand elle dit que « les droits concédés aux femmes (…) excluent toute une catégorie de femmes ». Personne n’est exclu, c’est évident. Certains sont mentionnés comme devant être spécifiquement protégés, c’est fort différent. Cette manière de poser un regard négatif sur ce qui témoigne pourtant d’un louable effort vers plus de justice exprime autre chose qu’une volonté d’analyse objective.

Et nous savons donc maintenant ce que veulent signifier les auteures quand elles écrivent que les femmes sont « renvoyées à des rôles sociaux de sexe ». Elles font référence à la situation de mère.

Mère, c’est un rôle social de sexe. Voilà ce que nous apprend le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.

On a déjà vu plus jolie définition.

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