L’Eglise Saint Sulpice donne à voir de superbes peintures de Delacroix. Celle qui représente saint Michel terrassant le Dragon est accompagnée d’un descriptif étonnamment grotesque et presque scandaleux.

L’épisode de saint Michel et du Dragon fait partie de l’Apocalypse de Saint Jean, dernier livre du Nouveau Testament. On y voit saint Michel, l’un des sept archanges majeurs, terrasser le Diable (appelé aussi ailleurs Satan ou Dragon) et l’expulser du Paradis.

Cette scène a fait l’objet de multiples représentations, dont une célèbre peinture de Raphaël ou une sculpture visible sur la Place Saint Michel à Paris. Une autre version, peinte par Delacroix, est exposée dans l’Eglise saint Sulpice de Paris.

Elle est présentée par un panneau sur lequel figurent des explications au sujet de l’ensemble des peintures effectuées par Delacroix dans cette église. On y apprend en particulier que la restauration de ces peintures a été financée entre autres par la Ville de Paris, l’Etat et la Fondation du Patrimoine.

La partie du panneau qui décrit cette peinture figure ci-dessous, en Français et en Anglais.

Delacroix 03

Je retranscris le texte français:

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Saint-Michel terrassant le Démon
Cette scène est souvent représentée. Saint Michel, ailé, enfonce sa lance dans la gueule du démon Michel, protecteur d’Israël et se bat contre Satan et ses anges.
——————-

On voit donc apparaître un démon Michel, homonyme de saint Michel, dont on comprend qu’il est protecteur d’Israël. Saint Michel le combat et combat également Satan et ses anges.

Le descriptif en Anglais est beaucoup plus conforme à l’épisode biblique:

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Saint Michael vanquishing Satan
This scene has often been depicted. A winged Saint Michael is plugging his lance into Satan’s mouth; Michael, the protector of Israel, is fighting Satan and his angels.
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Que je traduis par :
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Cette scène a souvent été représentée. Saint Michel, ailé, enfonce sa lance dans la gueule de Satan; Michel, protecteur d’Israël, se bat contre Satan et ses anges.
———————

On retrouve bien la description traditionnelle. On pourrait d’ailleurs imaginer que la version française soit une (très) mauvaise traduction de la version anglaise. L’erreur pourrait alors venir d’une lecture fautive de la ponctuation de la part d’un traducteur peu averti.

Mais malgré ce début d’hypothèse l’absurdité du texte français reste inexplicable. On peut en effet supposer qu’un panneau exposé au public dans une grande église parisienne et portant la marque du Préfet de la Région Ile de France et de la Fondation du Patrimoine n’est pas réalisé sans quelques contrôles. Qu’il ait été élaboré par un rédacteur ignorant d’un des épisodes les plus fameux de la Bible est déjà étonnant. Mais qu’aucun des relecteurs ou des responsables impliqués n’ait relevé cette absurdité est simplement stupéfiant. D’autant plus que parmi eux figuraient sans doute des hommes d’Eglise, pour qui le combat de saint Michel et du Dragon est une histoire connue.

Relevons tout de même un point qui peut avoir favorisé cette erreur.

Dans le texte biblique, Israël peut désigner Jacob ou ses descendants, et donc le peuple hébreu, naturellement défendus par les anges et opposés au Démon. De nos jours il désigne un pays très largement diabolisé dans la presse. Que le protecteur d’Israël figure du côté de Satan a donc pu paraître naturel à tous les ignorants qui ont contribué à cette pitrerie.

Delacroix 01

4 commentaires sur « Absurdité dans l’église Saint-Sulpice »

    1. Cher Dan,

      merci pour votre commentaire. Toutefois je ne comprends pas le sens de votre question. Avez-vous une remarque précise à émettre sur ce que j’ai écrit ?

      MAL

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      1. @MAL :peintures effectuées la Delacroix ?
        Lecture fautive de la ponctuation ? Kesako ?

        Relisez vous et vous découvrirez que chez vous aussi, la ponctuation est un problème parfois. Y’a personne pour vous relire telle est ma question.

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      2. Cher Dan,

        vous avez tout à fait raison, j’aurais dû me relire avec plus de soin, car effectivement je ne pense pas que l’Express relise mes textes.
        Donc toute mes excuses pour cette faute de frappe (« effectuées la Delacroix ») que votre vigilance m’a permis de corriger (et j’ajoute même mes remerciements à ces excuses).

        Pour ce qui est de la lecture fautive de la ponctuation, je veux dire par là qu’en ne tenant pas compte correctement de la ponctuation de la version anglaise on pourrait la comprendre d’une façon qui se rapproche de cette étrange version française.

        A bientôt de vous lire (et de me relire).

        MAL

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