En mai 2015 la direction de l’UMP a décidé de changer le nom de son parti pour l’appeler « Les Républicains ». C’est Nicolas Sarkozy qui est à l’origine de cette décision et il sera le premier président de ce parti.

On peut supposer qu’il souhaitait que les membres ou les représentants de son parti soient désormais appelés « Les Républicains », et que l’on parle des députés républicains ou des électeurs républicains comme on dit les députés socialistes ou les électeurs écologistes.

La presse en a décidé autrement. De nombreux journalistes et chroniqueurs ont dénoncé ce qu’ils ont appelé une OPA sur le terme « républicain ». Pour eux, utiliser ce terme c’était donner le monopole du républicanisme à l’UMP et suggérer que les autres partis n’étaient pas républicains.

J’ai encore dans l’oreille un chroniqueur expliquant qu’il lui serait impossible de parler d’un député républicain pour désigner un élu de ce parti alors même que par essence tous les députés de la République sont républicains. Sa remarque était légitime, mais comment nomme-t-il les membres des deux principaux partis politiques des Etats-Unis ? Comme le monde entier il parle des Républicains et des Démocrates, tout en sachant que les membres de ces deux partis sont à la fois républicains et démocrates. Ce qu’il disait refuser de faire pour les membres du parti de Nicolas Sarkozy il le fait donc bien pour l’ensemble de la classe politique américaine.

Des pétitions ont circulé, des tribunaux ont été saisis mais le Tribunal de Grande Instance de Paris a finalement autorisé ce nom.

Les journalistes ont toutefois persisté dans leur refus d’utiliser le mot « républicain » et ne parlent que du parti « LR ». Les résultats des dernières élections législatives ont donc été présentés en dénombrant les députés LR. Le coup marketing a échoué, les journalistes n’ont pas autorisé les dirigeant du parti Les Républicains à choisir leur propre nom : ils voulaient être des députés Républicains, ils ne seront que les députés LR.

L'Assemblée Nationale
L’Assemblée Nationale

De manière comparable ces dernières semaines ont vu apparaître un nouveau nom de groupe : les Constructifs. Il s’agit des députés Républicains (pardon, des députés LR) qui veulent pratiquer ce qu’ils appellent une opposition constructive. Ils présentent les autres membres de leur parti comme pratiquant une opposition systématique et vaine alors qu’eux feraient le tri dans les mesures proposées par le gouvernement pour favoriser celles qui leur paraitraient judicieuses (je reprends ici en deux mots la manière évidemment positive dont ils présentent leur démarche).

Ils se sont donc autoproclamé Constructifs. Et cette fois-ci la presse l’a accepté. Les articles évoquant la vie de l’Assemblée Nationale parlent donc des députés constructifs. On dit les LR, les Constructifs, les Socialistes etc.

Or attribuer à un groupe le qualificatif de « constructifs » est beaucoup plus lourd de sens que de lui attribuer le qualificatif de « républicain ». En effet se faire appeler « constructif » c’est bien suggérer que ses adversaires ne le sont pas puisqu’on prétend s’en distinguer avec ce qualificatif. Il en va autrement du terme « républicain » puisque, comme le précisait le chroniqueur cité plus haut, par essence tous les députés sont républicains. Par conséquent celui qui se fait appeler Républicain souligne son attachement à la République mais il ne prétend pas nier le caractère républicain de ses adversaires.

Il est donc paradoxal que « constructif » ait été accepté et que « républicain », bien que moins significatif, ait été rejeté.

En définitive le mot « constructif » présente de la manière la plus flatteuse qui soit la ligne de conduite de ce groupe. Leurs adversaires pourraient leur reprocher « d’aller à la soupe », comme on disait autrefois, de se rapprocher du parti au pouvoir pour en tirer des avantages. Sans aller jusqu’au terme outrancier de « collabo », on pourrait suggérer que leur comportement est ambigu et opportuniste.

En définitive leur démarche peut-être vue, comme toujours, sous un angle positif ou négatif. En les nommant « constructifs » on ne mentionne que le positif. Et il est finalement surprenant que les journalistes dans leur ensemble aient décidé d’utiliser ce terme sans hésiter.

Si un groupe ou un parti avait décidé de s’appeler « les efficaces », « les honnêtes » ou « les clairvoyants », leur aurait-on accordé le droit de se nommer ainsi ? La réponse à cette question pourrait bien être : ça dépend. Ca dépend sans doute de leur ligne politique. Les Républicains, catalogués à droite, n’ont pas eu le bonheur de pouvoir choisir leur nom. Mais ceux d’entre eux qui se sont éloignés de cette ligne en se disant « constructifs » ont pu bénéficier de ce privilège.

 

 

 

 

 

Un commentaire sur « Comment la presse valide ou refuse le nom de certains partis: l’exemple des Républicains et des Constructifs. »

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