Je ne vote pas Marine Le Pen et j’appelle à ne pas voter Marine Le Pen.

Samedi 26 septembre, au lendemain de l’attaque rue Nicolas Appert, Eric Delvaux reçoit sur France Inter Olivia Grégoire, secrétaire d’état à l’économie sociale solidaire et responsable. Après quelques échanges sur cet attentat, ils vont de concert s’attaquer à Marine Le Pen en lui reprochant sévèrement d’avoir affirmé qu’il s’agissait d’un attentat islamiste avant que ce constat ne soit validé par le discours officiel. Avec ce reproche stupide ils se ridiculisent et « font le jeu de Marine Le Pen » pour reprendre une expression connue.

Eric Delvaux commence l’interview en interrogeant son interlocutrice sur le manque de protection des anciens locaux de Charlie Hebdo.

Olivia Grégoire répond qu’effectivement ces locaux n’étaient apparemment pas protégés « à la hauteur de ce que nous espérions ». Elle précise ensuite que Monsieur Darmanin va investiguer et qu’elle va donc « avec prudence » attendre ses conclusions.

Elle ajoute ensuite qu’elle voudrait souligner que cette attaque s’est produite devant la fresque de l’artiste C215 (qui représente les victimes de l’attaque de Charlie Hebdo en 2015) et elle précise « Il n’y a à mon avis évidemment pas de hasard ».

Eric Delvaux lui demande ensuite si elle a l’impression que « on a baissé la garde ».

Elle répond que oui, à son avis on a un peu baissé la garde, alors que « On n’a pas affaire à une résurgence de la menace terroriste, elle est permanente cette menace terroriste, elle est là tous les jours ». Elle illustre ce point par le fait qu’en 3 ans 32 attentats ont été déjoués. Elle continue en soulignant que c’est une menace avec laquelle on doit vivre, « elle est là au quotidien ». Et elle conclut ainsi : « Il va falloir être lucide et dire les choses (…) il y a des lois qui arrivent ».

Enfin Eric Delvaux amène le sujet Marine Le Pen :

« Parmi les déclarations politiques en soutien aux victimes il y a une déclaration qui s’est distinguée, celle de Marine Le Pen qui estime qu’on n’a pas suffisamment je cite « fait la chasse à l’islamisme » alors qu’au moment où elle parlait on ne faisait aucun lien entre l’islamisme et les actes d’hier devant les locaux de Charlie Hebdo. Ça vous inspire quels commentaires ? »

Réponse d’Olivia Grégoire :

« Ça m’inspire la médiocrité comme souvent chez Marine Le Pen, ça m’inspire le goût de la polémique plutôt que le goût de la responsabilité politique, c’est Marine Le Pen on la connait et malheureusement elle ne change pas. C’est pas parce que nous sommes sous le joug de cette menace qu’il faut dire n’importe quoi et je rappelle en tant que responsable politique aujourd’hui en tant que membre du gouvernement que notre parole engage, que tirer ce genre de conclusion hâtive et fétide pour reprendre le mot de Gérald Darmanin, ces polémiques fétides sont bien déplacées ».

Autrement dit, et pour reprendre les propos d’Olivia Grégoire, la menace terroriste est permanente, elle fait partie de notre quotidien et nous sommes sous le joug de cette menace. En outre l’attaque a eu lieu devant la fresque commémorant l’attentat de Charlie Hebdo et à ce sujet il n’y a évidemment pas de hasard. Enfin il faut être lucide et dire les choses.

Pour autant, parler d’attentat islamiste comme Marine Le Pen l’a fait c’est fétide, c’est polémique. Car au moment où elle l’a fait, « on ne faisait aucun lien entre l’islamisme et les actes d’hier (de vendredi) » comme le précise Eric Delvaux.

Aucun lien.

Pour pouvoir parler d’attentat islamiste sans que cela soit fétide il fallait attendre, non pas qu’un jugement l’ait établi, mais que cela ait été dit officiellement sur France Inter, ou écrit par Le Monde. Alors seulement ce propos peut être tenu dignement. Vendredi c’est fétide, samedi matin (au moment où Eric Delvaux et Olivia Grégoire parlent), c’est autorisé.

De même concernant l’âge du terroriste. Jusqu’à dimanche soir (27 septembre) il avait 18 ans sur France Inter. Certains journaux (par exemple Le Figaro) mettaient en doute son âge dès vendredi 25, avançant qu’il s’était rajeuni afin de bénéficier de l’accueil réservé en France aux mineurs. Mais ce n’est qu’à partir de lundi matin, une fois que Le Monde a émis lui aussi ce doute, que France Inter s’est autorisé à aller sur cette voie. Avant, cela aurait sans doute été fétide et polémique.

Plutôt que de s’attaquer aussi bêtement à Marine Le Pen, Eric Delvaux et Olivia Grégoire auraient mieux fait de s’attaquer à tous ceux qui refusent de prononcer le mot d’islamisme, qui refusent de nommer le danger, qui refusent de dire qu’aucune caricature ne peut justifier un meurtre. Ceux là sont aussi des dangers pour la démocratie, et contrairement à Marine Le Pen ils bénéficient d’une indulgence coupable de la part de la presse.

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