Chaque semaine apporte son lot de manipulations historiques au sujet du conflit israélo-palestinien et c’est inadmissible. Que chacun juge différemment les mêmes actes, les mêmes situations, c’est inévitable. C’est admissible. Mais que l’on déforme des faits historiques pourtant établis, dans le but de déligitimer ou discréditer un des deux camps, c’est inadmissible.

Ce week-end nous offre plusieurs exemples avec la triste commémoration de l’assassinat d’Ytzhak Rabin par Ygal Amir le 4 novembre 1995. Pour France Info, c’est cet assassinat, et lui seul, qui a mis fin au processus d’Oslo. Et quand dans les commentaires sont évoqués les attentats commis par le Hamas pendant cette période, ils sont présentés comme une réaction aux agissements des Israéliens.

Pour le dire rapidement, l’assassinat d’Ytzhak Rabin a évidemment été un frein à l’avancée du processus d’Oslo, mais l’un des obstacles les plus importants reste la campagne d’attentats lancée par le Hamas et le Jihad Islamique dès 1994 dans le but affirmé de rendre impossible toute tentative de paix entre l’OLP et Israël. A quoi s’ajoutent les réticences plus ou moins fortes qui se seraient exprimées dans les deux camps à l’occasion des étapes suivantes de ce long processus (mais il est difficile de tout détailler dans un billet tel que celui-ci).

Autre exemple de désinformation, et il nous vient cette fois-ci non pas d’un des organes de presse qui en ont fait leur spécialité, mais du Collège de France où se tient les 13 et 14 novembre un colloque intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines ».

Les textes de présentation de ce colloque sont riches d’éléments qui travestissement la vérité pour présenter le processus ayant conduit à la création d’Israël comme un long entrelacs de compromissions, de manipulations et de tromperies. L’un de ces éléments consiste à présenter les Britanniques et les sionistes comme des alliés de longue date et qui en quelque sorte se seraient fait mutuellement la courte-échelle au cours de la première moitié du XXe siècle, les Britanniques « s’arrogeant » un mandat sur la Palestine grâce à leurs liens avec les sionistes avant de favoriser ces derniers par la suite (ce qui est tout à fait inexact).

Bien évidemment dans ces textes de présentation le sionisme est qualifié de colonialisme (le premier « Panel » a pour sujet « Le sionisme comme projet européen d’expansion coloniale »). On peut déplorer qu’une vision si déformée du sionisme soit présentée dans ce temple du savoir qu’est le Collège de France.

Notons qu’à ces éléments assez ordinaires et déjà longuement ressassés s’en ajoutent d’autres plus originaux. On nous apprend ainsi, pour illustrer à quel point l’Union Européenne a toujours agi en faveur d’Israël, que « l’Etat hébreu est le premier partenaire commercial de l’Union ». Ce qui est simplement inimaginable.Là aussi il est difficile de contester efficacement toutes ces affirmations historiques en quelques lignes.

J’avais déjà consacré un assez long billet aux articles prétendument historiques publiés par Le Monde en janvier 2014, dans lesquels la réalité était sévèrement travestie. Il m’avait alors paru nécessaire d’aller plus loin, et plutôt que de répondre ponctuellement à la désinformation historique comme j’essaye de le faire parfois ici, de rédiger une synthèse de l’histoire de cette région, de manière claire et en m’appuyant sur des faits historiques solidement établis.

Le résultat de cette démarche est un livre publié aux Editions du Retour et intitulé « Histoire de la région de Palestine ». Son objectif n’est pas de contester ni de soutenir les revendications des uns ou des autres, il est de présenter une base historique indiscutable sur laquelle chacun pourra appuyer ses réflexions et établir son point de vue.

Avec un format court et de nombreuses cartes j’ai voulu le rendre aussi didactique que possible, afin que chacun puisse acquérir de l’histoire de cette région une connaissance indépendante des présentations erronées qu’en font certains médias.

Puisse sa lecture apaiser les échanges.

Un commentaire sur « Histoire de la région de Palestine : un livre pour apaiser les échanges »

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