Dès qu’il s’agit de Donald Trump la presse oublie toute déontologie et utilise un langage qui suggère systématiquement qu’il est dans son tort. Qu’il soit accusateur ou au contraire accusé, la manière dont l’affaire est relatée le met dans le camp des menteurs, quelles que soient les informations dont disposent les journalistes.

Je ne prétends pas défendre Trump, je m’intéresse moins à son action qu’à la manière dont les médias en rendent compte. Et cette manière est scandaleuse.

Globalement, lorsqu’une accusation est portée par un intervenant contre un autre (qu’il s’agisse de journaux, d’individus ou de partis politiques par exemple), la façon d’en parler va guider l’auditeur ou le lecteur dans la manière de comprendre l’affaire, en l’absence même de tout élément factuel.

Supposons ainsi que Chose accuse Machin d’une quelconque vilénie, qu’aucune preuve n’ait encore été apportée et que Machin nie l’accusation.

Si le journal annonce « Chose accuse Machin sans preuve », nous sommes invités à croire que Machin est innocent. Mais s’il présente les choses en disant « Machin continue de démentir » nous aurons plus facilement tendance à croire que Machin est coupable.

Ces dernières semaines nous ont donné des dizaines de cas de ce type où par la simple présentation des accusations la presse a incité le public à prendre parti contre Trump, sans que les éléments factuels le justifient. J’en isolerai deux exemples.

Le premier remonte à début septembre. De très nombreux organes de presse nous apprennent que lors d’une visite en France en 2018, Trump aurait renoncé à aller rendre hommage aux soldats américains morts en 1918 lors de la bataille du Bois Belleau, en les qualifiant de « losers » ou de crétins. J’ai utilisé le conditionnel mais certains en parlent à l’indicatif (« il s’est agacé », « il a qualifié les 1.800 marines morts dans cette bataille de « crétins » pour avoir été tués »).

De nombreux journaux reprennent cette accusation dans des termes voisins.

Or sur quoi s’appuie-t-elle ? Sur un article du journal The Atlantic dont on nous dit qu’il est « très respecté et assez austère » tout en précisant que ses sources restent inconnues. En fait ses sources sont quatre personnes qui souhaitent rester anonymes. Bref, il n’y a pas réellement de preuve.

Mais on nous parle de cet incident comme d’une réalité, en insistant sur les démentis du président : « Il semble que depuis le début de sa présidence, nous n’avons jamais vu des révélations de presse être démenties aussi vigoureusement par le camp Trump. »

Soulignons qu’on utilise le mot non pas d’accusations, mais de « révélations », terme qui ne s’applique (ne devrait s’appliquer) qu’à des faits avérés. Une fois ce mot posé, la vigueur du démenti ne joue plus en faveur de l’innocence de l’accusé (comme c’est le cas quand on nous dit d’un condamné qu’il n’a jamais cessé de clamer son innocence), elle vient au contraire souligner son embarras, et donc finalement confirmer l’accusation.

Clairement l’accusé Trump est présumé coupable.

Il en va tout autrement lorsque Trump est l’accusateur et qu’il accuse les démocrates de fraude électorale. Son accusation est alors accompagnée d’un « sans preuve » qui est pourtant inhabituel dans ce genre de citation.

On nous dit ainsi : « Le président américain Donald Trump s’est posé, jeudi 5 novembre, sans preuve, en victime d’une vaste « fraude électorale »« , ou encore :  » « Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection », a affirmé sans preuve Donald Trump jeudi« . 

On aurait pu écrire « a affirmé Donald Trump ». Non, il a fallu ajouter « sans preuve ». Comme si d’habitude, lorsqu’un candidat s’estime floué il en apporte les preuves en direct. Les journaux sont quotidiennement pleins d’affirmations prononcées sans preuve, il n’y a en fait quasiment que cela. Et on s’abstient pourtant de parsemer les citations du « sans preuve » qu’on nous impose ici. Ce privilège est réservé à Donald Trump.

Avec cette manière finalement assez originale de nous dire « Trump accuse sans preuve » on ne nous incite pas à lui accorder notre confiance. Ici l’accusé est présumé innocent, et donc l’accusateur Trump coupable.

Ce biais systématique en défaveur de Trump aura jeté un voile déformant sur toutes les informations en rapport avec les Etats-Unis pendant tout son mandat, et plus spécifiquement depuis ces derniers mois et la campagne électorale.

L’une des conséquences en est que nous n’avons pas entendu parler de Joe Biden, futur président des Etats-Unis. Bénéficiera-t-il longtemps de cet aveuglement bienveillant de la part de nos journalistes ? Si ce n’est pas le cas nous ne devrions pas tarder à entendre parler des frasques de sa famille et des accusations de harcèlement sexuel dont il fait l’objet. Autant d’éléments dont nous aurions été dûment informés s’ils concernaient Donald Trump.

Un commentaire sur « Les médias s’autorisent tout contre Trump »

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