La manière dont France Inter nous parle des otages israéliens est un scandale. La chaîne publique fait le service minimum pour nous informer sur ce qu’ils ont subi pendant leur captivité. Elle préfère donner la parole à des prisonniers palestiniens libérés (dont des terroristes avérés) en comparant honteusement le sort des deux catégories de personnes. Et quand elle déplore le calvaire des otages elle n’en attribue la responsabilité qu’au gouvernement israélien.
De manière plus générale, depuis le début de la guerre à Gaza nous avons surtout le droit à des interventions de la part de Palestiniens et non pas d’Israéliens. Je dis « interventions » là où l’on aurait pu attendre le terme de « témoignages » car il s’agit en fait plus de propagande que de témoignage.
Ainsi vendredi 31/01/2025 dans le journal de 7h00, ce n’est pas l’une des otages libérées la veille que l’on a entendue s’exprimer sur les antennes de France Inter, mais un des nombreux prisonniers palestiniens relâchés en contrepartie. De celui-ci on nous dit qu’il était membre du Djihad Islamique mais qu’il n’a tué personne. Le journaliste de France Inter se contente-t-il de relayer ce que dit ce terroriste ou a-t-il vérifié qu’il n’avait vraiment tué personne ? Si oui, comment ? Bizarrement il ne le dit pas. Ce n’est que mon opinion mais je suis persuadé qu’il n’a fait que traduire les propos tenus par son interlocuteur.
Quoi qu’il en soit, qu’il ait tué ou non, cet interlocuteur appartient donc à une organisation terroriste, dont l’objectif affiché est de tuer le maximum d’Israéliens. Et c’est à lui que l’on demande de s’exprimer (j’ai failli écrire « témoigner » …) sur les conditions de détention des Palestiniens dans les prisons israéliennes. Nous ne sommes pas surpris qu’il nous dise qu’elles sont scandaleuses. Ce monsieur a voué sa vie à la haine d’Israël et des Israéliens. On lui tend le micro, il dit du mal d’Israël et des Israéliens. Ce n’est pas un témoignage, c’est de la propagande. Mais c’est ce que France Inter nous fait entendre plutôt que le témoignage d’une otage israélienne dont on aimerait pourtant savoir quelle a été la vie au cours de ses 16 mois de séquestration. A-t-elle été détenue dans les tunnels du Hamas ou parmi des familles de civils gazaouis ? Il semble que ce soit cette deuxième hypothèse qui soit la bonne. Mais si France Inter nous le dit il va falloir aussi revenir sur la théorie d’une dichotomie claire à Gaza entre les méchants terroristes du Hamas et les gentils civils gazaouis. Trop compliqué. Tant pis, on ne parlera pas des conditions de détention des otages.
Samedi 8 février trois autres otages sont libérés. Leur état physique lamentable est la marque de maltraitances, au premier rang desquelles une dénutrition avancée. Dénutrition qui pourrait faire écho à cette famine qui menace depuis plus d’un an à Gaza nous dit-on. Mais les images disent le contraire : les terroristes du Hamas qui paradent avec des uniformes neufs comme la foule de Gazaouis avides de filmer la scène avec leurs smartphones, tous ces gens se portent très bien.
En entendant Radio France nous parler de ces otages j’imagine qu’on va mentionner que le Hamas les a maltraités. Non. Certes les otages sont en piètre état, mais la faute est rejetée sur Benjamin Netanyahou. Et une fois de plus Radio France ne nous le dit pas, ses journalistes le font dire à un témoin. En l’occurrence un Israélien qui reproche à Netanyahou de n’avoir pas négocié correctement alors que depuis plusieurs mois les familles des otages l’alertaient.
Déjà lors du journal de 7h00 du 30/01/2025 on nous faisait entendre le membre d’une famille d’otage insistant pour qu’on ne relâche pas la pression sur le gouvernement israélien. Et le journaliste de disserter sur les mauvaises décisions prises par ce gouvernement dans la gestion de cette affaire. Il lui semble évident que si Israël avait cessé de combattre, les otages auraient été libérés plus vite. Certes des Israéliens pensent comme lui (et c’est ceux-là qui ont les faveurs de son micro) mais tant qu’on ne me dira pas par quel miracle ou plutôt en échange de quoi le Hamas les aurait libérés je ne serai pas convaincu. Mais quoi qu’il en soit il répète l’idée que le gouvernement israélien est responsable du sort des otages sans même suggérer que le Hamas aurait sa part de responsabilité.
Or, que Netanyahou ait été inefficace, maladroit, ou même mal intentionné, je n’en sais rien. Mais ce que je sais c’est que ceux qui ont enlevé, séquestré et maltraité les otages israéliens, ce sont les terroristes du Hamas. Ils sont responsables de ce qu’ils font. Ce sont eux les coupables des enlèvements, de la séquestration et des maltraitances. Mais Radio France ne le dit pas. Elle insiste pour nous faire entendre que la responsabilité en revient à Benjamin Netanyahou.
Une fois de plus tout est la faute des Israéliens, même les actes de barbarie de leurs ennemis.
Je m’apprêtais à mettre ce billet en ligne quand France Inter a franchi un pas de plus dans l’abjection. Dans le journal de 8h00 du dimanche 9 février sont évoquées « les images des trois otages très amaigris et celles des 186 prisonniers palestiniens également affaiblis ». Non, ils ne sont pas « également affaiblis ». Ils sont affaiblis sans doute mais leur état n’a aucun rapport avec celui des trois fantômes exhibés sur une estrade, obligés de dire qu’ils sont heureux de retrouver leur famille alors que l’un d’entre eux ne sait pas encore que sa femme et ses filles ont été massacrées le 7 octobre 2023.
Ce genre de comparaison permet de mieux comprendre le titre inscrit à l’écran sur France Info le week-end dernier :

France Info avait rapidement publié des excuses :

Ce titre effectivement « totalement inapproprié » ne l’est en fait pas beaucoup plus que tout ce qui est répété dans les journaux de Radio France et qui ne fera jamais l’objet d’aucune excuse. Il avait au moins le mérite d’exprimer clairement la pensée de notre radio publique plutôt que d’instiller cette propagande de manière plus discrète et donc malheureusement beaucoup plus efficace. Le « responsable » qui a été suspendu n’a fait qu’exprimer une vision omniprésente dans les rédactions de Radio France. A l’échelle de ce groupe il s’agit en fait exactement de ce que l’on appelle un lapsus révélateur. Et je ne fais pas dans la facilité en affirmant cela, mon affirmation est parfaitement étayée par tout ce qui précède.
Merci pour ce texte, j’ai été abasourdi par l’expression insupportable ce matin « égalisant » la condition des otages squelettiques avec ceux des terroristes libérés. Je n’ai apparemment pas été le seul à être profondément choqué.
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