Le livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous ! », publié en 2010, avait été plébiscité par la presse et le public. Nous étions peu à avoir remarqué que cet énorme succès de librairie faisait l’apologie du Hamas.
Voici ce que j’écrivais à l’époque, je n’ai pas changé une virgule.
Stéphane Hessel est un militant anti-israélien.
C’est bien son droit.
Le problème vient de ce qu’il plaide sa cause au sein d’un livret tellement bourré de bons sentiments, de références à la résistance et de proclamations bien pensantes qu’il se trouve propulsé à la une de la presse. Et nos médias font ainsi la publicité d’une œuvre de propagande anti-israélienne, dissimulée dans un acte de foi vertueux, signé par un authentique résistant.
Et qui se retrouve en tête des ventes de livres.
Je m’indigne.
Les critiques de la presse pour ce livre ne sont pas toutes élogieuses, mais très rares sont celles qui relèvent la manière dont Stéphane Hessel y parle du Hamas Et quand elles le font c’est pour lui reprocher « une indulgence ahurissante à l’égard du Hamas » (Christophe Barbier, l’Express du 5 janvier). En guise d’indulgence pour le Hamas, il s’agit en fait d’un soutien total. Ce livre est en fait une œuvre de propagande contre Israël, et en faveur du Hamas.
Sur les 16 pages de ce livre, 2 sont consacrées à la Palestine. Voici un résumé des différents « chapitres » (quand j’écris « je » ou « nous » c’est Stéphane Hessel qui parle) :
- Le Conseil National de la Résistance a jeté les bases de notre démocratie et de conquêtes sociales qui sont aujourd’hui en péril.
- Le motif de la résistance est l’indignation. Il faut réagir face à l’injustice comme nous, résistants, l’avons fait face au nazisme.
- Je crois, comme Hegel, que l’Histoire progresse vers la démocratie, et non pas, comme Walter Benjamin, qu’elle va de catastrophe en catastrophe.
- La pire des attitudes serait l’indifférence face aux écarts de richesse et au non-respect des Droits de l’Homme.
- L’armée israélienne a commis des crimes de guerre à Gaza. Le Hamas n’est pas responsable des tirs de roquettes sur Israël. Ces tirs sont causés par l’exaspération des Palestiniens et donc le comportement des Israéliens.
- Nous devons suivre le chemin de la non-violence, qui est l’espoir de notre société.
- La fin du XXe siècle était porteuse d’espoir, le début du XXIe est plus inquiétant, en particulier à cause de George Bush.
Le passage sur la Palestine est le seul chapitre concret. Le reste est un étalage de réflexions générales, de bons sentiments, d’injonctions vertueuses, dont je ne critique pas la qualité, mais qui sont non ciblées. Les deux pages sur Israël sont le cœur du livre, son véritable noyau, son seul contenu vraiment substantiel.
Le livre explique qu’il faut s’indigner. Imaginons un lecteur convaincu. Il veut réagir. Que faire ? Réduire l’écart entre les pauvres et les riches ? Pas facile. Imposer le respect des Droits de l’homme aux pays qui les bafouent ? Difficile aussi mais on peut aller manifester devant une ou deux ambassades. Allons-y ! Les ambassades de quels pays ? Zut, aucun pays n’est nommé. Dommage ! On ne nous donne donc aucune piste pour réagir !
Si ! Nous avons une piste : Israël ! Car Israël est bien nommé. Nous allons enfin pouvoir agir contre la dégradation de notre monde. Ce livre dénonce beaucoup de maux mais il nomme un seul coupable, Israël.
On pourrait croire que devant les défis majeurs signalés par Hessel, lutter contre Israël serait un objectif secondaire. Au contraire c’est essentiel, puisqu’il nous dit : « ma principale indignation concerne la Palestine ». Il faut savoir en effet que Stéphane Hessel est un ardent défenseur du boycott des produits israéliens. Et ça, boycotter des produits israéliens, c’est franchement faisable.
Les deux pages d’indignation contre Israël sont une plaidoirie en faveur du Hamas, sans aucun sérieux. Stéphane Hessel n’ose même pas nommer les sources de ses informations : « on nous a confirmé qu’il y avait eu 1400 morts, contre seulement 50 blessés côté israélien». Comment ose-t-il écrire « on » avec le verbe « confirmer » ?
Ce « on » pourrait être le Hamas, en qui Hessel a toute confiance, et à qui il n’adresse aucune critique. Presque aucune devrais-je dire. Car on voit tout de même une pointe de regret devant le manque d’efficacité de la démarche pacifiste de ce mouvement notoirement non violent : « Le Hamas n’a pas pu éviter que des rockets (sic) soient envoyées sur les villes israéliennes ». On imagine bien les militants du Hamas se précipitant auprès des tireurs de roquettes pour les inciter, sans violence, à ranger leur matériel. Ce passage est grotesque et devrait suffire à lui seul à discréditer l’ensemble du livre. Tout le monde sait que c’est le Hamas qui envoie ces roquettes, il le proclame lui-même.
Il existe des centaines de pamphlets qui s’attaquent pareillement à l’état d’Israël. Leur impact est faible car leurs intentions clairement affichées en réduisent la crédibilité. Ici, le message anti-israélien est niché au creux d’un discours bien pensant, écrit par un ancien résistant. D’où cet écho favorable, qui vaut à ce livre une très large diffusion, et confère une dangereuse honorabilité au message anti-israélien véhiculé.
La presse relaye inconsciemment la propagande du Hamas.