Lors d’une émission sur France Inter au sujet du conflit au Haut Karabakh, Ali Baddou a réussi l’exploit d’amener à deux reprises le débat sur Israël, pour critiquer ce pays. Visiblement, pour lui, s’il se passe un drame au moyen orient Israël ne peut pas en être totalement innocent. 

Nous sommes dans la matinale du samedi 29/09/2023 et l’historien Vincent Duclert est invité par Marion L’Hour et Ali Baddou pour parler des événements au Haut Karabakh. Comme il le montre cette affaire n’est pas tout à fait simple (voir notre précédent billet). Vers le début de l’émission, il évoque les enjeux géopolitiques autour de ce conflit. Il commence par le comportement de la Russie, longtemps soutien de l’Arménie mais qui l’a laissée tomber depuis la révolution de 2018 et qui est assez occupée ailleurs ces derniers temps.

Il souligne ensuite le rôle de l’Iran dans le comportement de certains pays :

  • L’Azerbaïdjan est en conflit avec l’Iran donc tous les pays qui effectivement veulent repousser l’Iran s’allient à l’Azerbaïdjan.
  • (Ali Baddou intervient) Exemple Israël.
  • Voilà, c’est ça.
  • C’est très étrange d’ailleurs de le constater.
  • C’est très étrange mais on ne peut pas non plus reprocher à un pays de se défendre. Il y a des éléments géopolitiques régionaux.

On voit mal pourquoi il est important de citer Israël ici. Est-il intervenu d’une quelconque façon ? Je ne crois pas. L’Azerbaïdjan ne s’est-il lancé dans cette aventure qu’une fois acquis qu’Israël ne s’y opposerait pas ? J’en doute. La position d’Israël n’a en réalité aucune conséquence sur les faits dont il est question.

Mais apparemment pour Ali Baddou il est nécessaire de mentionner qu’Israël est du côté des agresseurs (même si Vincent Duclert n’a aucun mal à expliquer cette position par la situation géopolitique).

Cependant le pire est à venir.

Plus loin dans les échanges Ali Baddou annonce que l’on va prendre les questions des auditeurs, qui sont nombreux à vouloir intervenir. Il annonce donc :

  • Beaucoup de questions et notamment sur Israël, bonjour Pierre
  • Oui, bonjour, j’ai cru comprendre que Israël ne reconnaissait pas le génocide arménien. J’en suis sidéré.

Vincent Duclert entreprend de répondre à cette question plutôt inattendue. Il hésite et bafouille un peu

  • Alors …  je veux dire … effectivement … ça veut dire quoi reconnaissance ? Tous les grands romanciers juifs … Elie Wiesel par exemple préface le grand livre de Franz Werfel sur le génocide des Arméniens qui a paru en 1933, qui s’appelle les quarante jours de Musa Dagh qui est publié chez Albin Michel, qui est un roman extraordinaire, donc il y a encore une fois des intérêts politiques, il y a des reconnaissances qui ne viennent pas mais la solidarité du peuple juif avec le peuple arménien est absolument attestée
  • Mais de l’état d’Israêl non
  • Oui, de l’état d’Israël, il faut … (il bafouille un peu)
  • C’est là qu’il faut distinguer
  • Mais … bon. (il trouve sans doute qu’on peut passer à autre chose et franchement moi aussi).

Nous n’entendrons aucun des autres auditeurs, pourtant nombreux, qui voulaient intervenir. La seule question sélectionnée aura été pour critiquer Israël. 

Considérons un instant cet auditeur, Pierre. Constatant que l’Azerbaïdjan avait attaqué la République du Haut Karabakh, poussant des dizaines de milliers d’Arméniens à tout abandonner, les jetant sur des routes hostiles dans des conditions atroces et vers un destin tourmenté, il s’est posé la seule question qui vaille : Israël a-t-il ou non reconnu le génocide arménien ? Il s’est renseigné, a constaté que non, en a été sidéré, et a souhaité partager son émotion avec les auditeurs de France Inter.

Il a donc appelé le standard de France Inter et parmi les nombreux auditeurs à vouloir intervenir, donner leur avis sur ces événements ou interroger le spécialiste de l’Histoire de la région, c’est lui qui a été sélectionné (par qui, je serais curieux de le savoir). La question de la reconnaissance du génocide arménien par l’Etat d’Israël est-elle vraiment centrale dans cette affaire ? Mérite-t-elle de passer avant toutes les autres ? Est-ce vraiment la question la plus importante, la plus pertinente, au point qu’elle soit sélectionnée et que finalement elle seule soit passée à l’antenne ?

Ajoutons que, comme précédemment, ce point n’a aucune influence sur les faits. Les réfugiés du Haut Karabakh sont dans la souffrance et le désespoir, et que certains pays aient reconnu le génocide arménien leur est sans doute d’un réconfort limité. 

Une fois de plus France Inter a donc ici critiqué Israël de manière totalement gratuite et artificielle.

Pourquoi ?

Pourquoi toujours Israël ?

Pourquoi tant de haine ?

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